Platebande en quatre parties 1977-1978
Platebande en quatre parties, de Gathie Falk, est un quadriptyque peint à l’huile sur toile. Chacun des quatre panneaux mesure plus de deux mètres de haut et un peu moins de deux mètres de large; dans l’ensemble, l’œuvre est de grande envergure. L’œuvre représente la platebande du jardin de la maison de Falk. L’image d’un panneau chevauche celle du suivant : il ne s’agit pas d’une image divisée en quatre, mais d’une série de vues interconnectées progressant le long de la bordure du jardin. La composition est hautement détaillée de sorte que le spectateur se rend clairement compte qu’il est devant une toile peinte d’après la nature. Les touches de peintures sont légères et la palette est pâle, donnant l’impression que le site est baigné de lumière.
En 1968, Falk se tourne vers la sculpture céramique ainsi que l’art performance et ces langages artistiques restent au cœur de sa pratique au cours des dix années suivantes. C’est en 1977 qu’elle revient à la peinture en créant l’œuvre Platebande en quatre parties et la série correspondante, Border (Platebande), 1977-1978, qui dépeint les bordures de son jardin et de celui de ses voisins. Falk travaille à partir d’une série de photographies prises avec un appareil Instamatic et cadrées de manière à ce que l’image de chaque instantané chevauche celle du suivant. Avec cette méthode, Falk s’assure de capter chaque détail de l’entièreté de la platebande.
Bien que le style pictural de Falk soit personnel, fusionnant les vocabulaires impressionniste et expressionniste, en ce qui a trait au contenu, elle n’omet aucun centimètre du paysage observé. De gauche à droite, chaque panneau s’appuie sur celui qui précède, ajoutant des détails à son contenu tout en greffant de nouveaux renseignements sur la scène qui se déploie. Un puissant élément temporel ressort également de la composition sérielle de la série Platebande : en plus d’accroître la taille de la composition, les multiples panneaux ajoutent une dimension. Cela est manifestement important pour Falk, qui imprègne chaque œuvre de cette série de détails sur l’interaction de la lumière et de la couleur, lesquels révèlent le moment de la journée où l’œil – et la caméra – de Falk se sont déplacés au-dessus de la platebande de son jardin.
Le compte rendu de son univers immédiat – son jardin, sa maison, son quartier et le firmament ou l’océan aperçu lors de sa promenade quotidienne – devient une source inépuisable d’imagerie, offrant à Falk d’innombrables sujets pour des séries ultérieures : Thermal Blankets (Couvertures thermiques), 1979-1980; Night Skies (Ciels nocturnes), 1979-1980; Pieces of Water (Fragments d’eau), 1981-1982; Cement (Ciment), 1982-1983; et, plus tard, Hedge and Clouds (Haies et nuages), 1989-1990. Dans chacun de ces ensembles d’œuvres, Falk transforme le quotidien en quelque chose d’exceptionnel par son engagement envers la vénération de l’ordinaire.