En rêvant de voler, canot 2007
La pièce En rêvant de voler, canot, de Gathie Falk, représente un canot en papier mâché construit à l’échelle. À première vue, il paraît avoir été peint d’un blanc cassé mat, mais un examen plus approfondi révèle que l’artiste a déployé une palette variée, allant du blanc froid au blanc chaud, de sorte que, sous un éclairage approprié, la surface paraît irisée. De par le matériau qui la compose, la surface du canot est irrégulière et semble de nature délicate, malgré sa longueur de quatre mètres et demi. L’artiste a réussi avec brio à maintenir une part de la légèreté du papier, malgré le processus de durcissement inhérent au matériau. La pièce est enfin posée sur deux tréteaux en bois.
Falk travaille pendant deux ans sur ce canot. La création d’une œuvre en papier mâché de cette taille et de cette délicatesse impose un intense processus d’essais et erreurs, surtout que l’artiste y est arrivée sans armature sous-jacente. Lorsque, des années plus tard, Falk crée un autre canot – Dressed Canoe (Canot paré), 2014 –, elle arrive à mettre en œuvre ce qu’elle a appris en produisant En rêvant de voler, canot et termine Canot paré en seulement trois mois. Falk est déterminée à créer la première édition sans structure interne, ce qui rend son entreprise difficile et fastidieuse, mais le résultat final, par sa forme, exprime un caractère poignant qui aurait pu se perdre autrement. L’embarcation élancée et extrudée suggère un certain anthropomorphisme avec sa surface texturée s’apparentant à une peau ridée.
Quant au titre de l’œuvre, il remonte à l’enfance de Falk. Les peintures de papillons de nuit qui accompagnent le canot, lors de l’exposition de l’artiste à la Equinox Gallery de Vancouver, en 2007, également intitulée Dreaming of Flying (En rêvant de voler), sont inspirées de rêves qu’elle faisait, enfant; et l’idée de construire un canot en papier mâché lui serait venue en voyant le canot de son neveu. Falk suspend un amas de petits miroirs qui tournent doucement au-dessus de la sculpture en papier mâché. Dans l’explication de sa démarche artistique accompagnant l’exposition, Falk raconte que, petite, elle faisait le rêve récurrent de voler, ce qui a cessé quand elle a commencé à faire de l’art, peut-être parce que la création est « une autre manière de voler ».
L’ampleur d’En rêvant de voler, canot est unique parmi les œuvres tardives de Falk. Elle possède une qualité physique que des critiques, comme Robin Laurence, associent au corps fragile et vieillissant. Avec une sculpture comme celle-ci, que Falk produit dans sa quatre-vingtième année, il est difficile de résister à l’interprétation métaphorique, malgré l’objection de l’artiste à une telle lecture de son œuvre.