Relief structuriste à double plan no 3 1967-1969
Eli Bornstein réalise Relief structuriste à double plan no 3 en 1966, lors de son congé sabbatique près de Big Sur, en Californie. Comme il le raconte dans son journal en 2013 : « Chaque jour, j’ouvrais les yeux sur un ciel immense au-dessus du majestueux océan Pacifique, qui aurait pu être la vaste prairie de la Saskatchewan. » L’artiste crée Relief structuriste à double plan no 3 inspiré par cette observation et par le fait que le monde naturel se présente visuellement en variations infinies.
Dans cette œuvre, Bornstein plie le plan de fond en deux, dans un angle de quatre-vingt-dix degrés, puis le place à l’horizontale. L’œuvre se présente comme un livre à moitié ouvert, dont le dos est à plat contre le mur. Nichés dans les crevasses se trouvent des éléments en relief, souvent complexes, aux couleurs vives, et dont les interactions chromatiques sont animées par des jeux d’ombre et de lumière.
Dans Double Plane Structurist Relief No. 2-1 (Relief structuriste à double plan no 2-1), 1966-1971, Bornstein renverse l’axe à la verticale. Comme il l’écrit dans un article en 1969, il prend cette décision après avoir observé « des fleurs sauvages rouge-orange qui poussaient autour de notre maison ». Il poursuit en précisant que lorsque les plans inclinés se déploient, c’est comme si le relief « tendait la main et attirait le public en lui, comme la fleur qui invite l’abeille ». Une autre entrée du journal de Bornstein, « The First Lily » [Le premier lys], souligne l’intensité des observations qu’il fait du monde naturel se trouvant sur le pas de sa porte :
Aujourd’hui, j’ai été étonné par l’apparition du premier lys. Quelle surprise de voir soudain la fleur orange vif en forme de trompette apparaître de façon si frappante, si triomphante au milieu des hautes herbes de la prairie et dans les endroits les plus inattendus de la rive. Le caractère et la gestuelle du lys sont si différents de ceux du crocus et de la rose. Sa forme et sa couleur s’articulent plus précisément avec sa tige unique et la disposition de ses feuilles. Il se pointe de manière plus originale, isolée, et est moins grégaire que la rose. Comme le son solitaire d’un cor aigu, ou d’une trompette soprano résonnante et limpide, on ne peut le confondre avec autre chose que lui-même.
Bornstein rappelle à son public que malgré son engagement profond envers le monde naturel, ses constructions abstraites ne reflètent ni ne copient la nature, il préfère les décrire comme des « créations parallèles » qui « s’élèvent vers la nature ».