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Étude arctique no 38 1987

Étude arctique no 38

Eli Bornstein, Arctic Study No. 38 (Étude arctique no 38), 1987

Aquarelle sur panneau mat, 41 x 33,9 cm

Collection de l’artiste

Étude arctique no 38 est emblématique d’un ensemble novateur de peintures à l’aquarelle issu des deux voyages d’Eli Bornstein sur l’île d’Ellsemere dans l’Arctique canadien, au cours des étés 1986 et 1987, en compagnie du photographe Hans Dommasch (1926-2017), son collègue de l’Université de la Saskatchewan. Dans ces aquarelles, Bornstein imagine que la peinture en aplat est une transcription abstraite de ses sensations face à la nature. Ces peintures sont en parallèle aux innovations qu’il explore dans un nouveau groupe de reliefs structuristes intitulé série Arctic (Arctique), également issu de ces expériences estivales.

 

Pour comprendre le vocabulaire formel de l’œuvre, un peu d’histoire s’avère nécessaire. Au cours des trois décennies précédentes, Bornstein travaillait presque exclusivement en relief, même lorsqu’il était en voyage. Les exigences du travail sous la tente, dans la toundra, l’ont cependant obligé à reprendre l’aquarelle, parallèlement au dessin. Il n’avait pas pratiqué l’aquarelle depuis une trentaine d’années, c’est-à-dire, depuis The Island (L’île) peint sur la côte du Maine en 1956.

 

Hans Dommasch, Ellesmere Island–Otto Fjord (Île d’Ellesmere – fjord Otto), 1986, diapositive couleur, 35 mm, Université de la Saskatchewan, Saskatoon.
Eli Bornstein, Arctic Study No. 12 (Étude arctique no 12), 1986, aquarelle sur panneau mat, 20,6 x 25,4 cm, collection de l’artiste.

En reprenant ce moyen d’expression, le défi consiste à nouveau à exprimer les couleurs de l’Arctique « d’une manière abstraite et unique », écrit Bornstein dans son journal, afin d’évoquer ses expériences sensorielles de la nature « sans imiter [ses] apparences ». Dans les aquarelles de son premier été dans l’Arctique, il reprend essentiellement là où il s’était arrêté dans le Maine. Ses taches de couleur sont semblablement striées et vaguement rectangulaires, rapides et spontanées vers le fond, plus grandes et allongées lorsqu’elles se réfèrent à des sujets plus importants comme les icebergs et les vastes ciels, comme dans Arctic Study No. 12 (Étude arctique no 12), 1986. Dans les deux cas, les compositions de Bornstein reflètent encore largement les formes générales du paysage devant lui : le rivage horizontal, les icebergs au milieu, les montagnes plus sombres derrière, et même les nuages dans le ciel, à la manière de la photographie de Dommasch, Ellesmere Island (Île d’Ellesmere), 1986, qui capte une scène similaire.

 

Avec Étude arctique no 38 cependant, Bornstein s’aventure ailleurs, apprenant véritablement à rendre sa vision abstraite. Les échantillons de peinture striés sont maintenant tels des plans, certains sont en aplat, d’autres, pliés, d’autres encore, trapus et solides. Ils sont dispersés à plat sur le papier blanc, maintenus en place par des attractions ou des répulsions mutuelles, comme indifférents à la gravité. Les couleurs sont lumineuses, fraîches et immédiates. Elles dansent parfois avec la légèreté des flocons de neige. La nature est évoquée, non pas par une représentation ou une allusion littérale, mais par analogie, une chorégraphie abstraite de couleurs.

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