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Rythmes de la baie Georgienne 1966

Rythmes de la baie Georgienne

Doris McCarthy, Rhythms of Georgian Bay (Rythmes de la baie Georgienne), 1966
Huile sur carton, 61 x 76,2 cm
Galerie Doris McCarthy, Scarborough

Cette œuvre saisissante, très abstraite, offre une vue de la baie Georgienne, en Ontario, révélant ce qui pourrait être une combinaison de pierres, de rivages et de vagues. L’orange rougeâtre de la palette peut faire référence aux formations granitiques de la baie ou aux couchers de soleil spectaculaires, et le blanc et le gris, à d’autres types de roches. McCarthy nomme ce style simplifié « réalisme poétique ». Plus encore, elle décrit comme étant sereines les peintures qu’elle produit à cette époque des plus intenses : « Une observation curieuse est que, dans cette période, la plus mouvementée de ma vie, mon travail dégageait une sérénité nouvelle. Il est peut-être alors devenu un sanctuaire pour moi. » Ces ouvrages ne seront exposés au public qu’à la fin de la carrière de McCarthy, après des décennies passées dans ses réserves personnelles.

 

Rythmes de la baie Georgienne porte certaines des caractéristiques des œuvres plus figuratives de McCarthy, avec la répétition des formes de base, son « écho » (une forme centrale au fond qui donne le ton) et le motif en zigzag qui guide l’œil à travers la composition, une technique qu’elle apprend de Hortense Gordon (1886-1961). Le thème est populaire parmi les mentors de McCarthy : par exemple, Arthur Lismer (1885-1969) crée Rock Rhythm, Georgian Bay (Rythme des rochers, baie Georgienne), 1944, et Georgian Bay [Pine Rhythm] (Baie georgienne [Rythme des pins]), 1948, et son directeur de département à la Central Technical School, Peter Haworth (1889-1986), peint sa propre version intitulée Georgian Bay Rhythms (Rythmes de la baie Georgienne), s.d.

 

Dans les années 1960 et au début des années 1970, McCarthy réalise une centaine d’œuvres dans ce style abstrait, s’inspirant de la peinture hard-edge et colour-field. Elle est déterminée à se tenir au fait des différents « ismes » contemporains pour le bien de ses élèves : « On ne peut pas vraiment enseigner adéquatement ce que l’on n’a pas expérimenté. J’ai donc commencé à explorer le colour field, le minimalisme et […] une certaine dose d’expressionnisme abstrait et de peinture gestuelle […]. Je pouvais faire en sorte que mes élèves prennent cela au sérieux, mais cela ne m’intéressait pas vraiment […]. Le champ chromatique […] m’a appris quelque chose […]. On peut voir comment cette période de travail a influencé mon retour à un traitement à la fois plus pictural de mes sujets et plus orienté vers l’image ».

 

Si les œuvres abstraites de McCarthy avaient été exposées à l’époque, elles auraient pu mieux assurer sa place dans l’histoire de l’art canadien compte tenu de leur regard original sur les tendances contemporaines. Quant à savoir pourquoi l’artiste a rarement exposé ces peintures, c’est peut-être parce qu’elles ne lui ressemblaient pas ou, plus précisément, parce qu’elles semblaient trop éloignées de sa manière. Les influences adoptées par McCarthy en cours de carrière relèvent généralement d’éléments spécifiques qui ont modifié son style sans le dénaturer; en revanche, les œuvres sur fond coloré reposent sur l’adoption en bloc d’un style qui n’est pas vraiment le sien propre, et qui a été envisagé au départ à des fins pédagogiques. Pour le corpus d’œuvres qui suit, les peintures de l’Arctique, McCarthy adapte les leçons tirées des œuvres abstraites colorées pour les mener dans une nouvelle direction qu’elle estimait être bien la sienne.

 

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