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Post-Romano, le Paradis d’une folle 1948

Post-Romano, le Paradis d’une folle

Doris McCarthy, Post Romano, Fool’s Paradise (Post-Romano, le Paradis d’une folle), 1948
Huile sur carton, 50,8 x 61 cm
Collection privée

Cette image colorée et enjouée du Paradis d’une folle, la maison de McCarthy sur les falaises de Scarborough, fait écho aux tons audacieux privilégiés par les peintres fauves du début du vingtième siècle. Pour cette œuvre, McCarthy s’écarte de sa représentation réaliste habituelle, peut-être inspirée par la fantaisie qu’elle admire dans les tableaux de son amie et compagne de peinture, Bobs Cogill Haworth (1900-1988), l’épouse du directeur artistique Peter Haworth (1889-1986), qui l’a engagée à la Central Technical School comme enseignante. Comme l’indique son titre, l’œuvre est liée à Umberto Romano (1905-1982), un peintre américain peu connu né en Italie. Lors d’un voyage à Gloucester, dans le Massachusetts, McCarthy visite l’atelier de Romano et est captivée par la vivacité et l’énergie des peintures qu’elle y découvre :

 

Bobs Cogill Haworth, Fishing Village, Gaspé (Village de pêche, Gaspé), s.d., huile sur carton, 56,5 x 38,1 cm, collection privée.
Umberto Romano, Horse Trainers (Les entraîneurs de chevaux), 1952, huile sur panneau, 59 x 90,8 cm, collection privée.

J’ai acheté un Jeep provenant du surplus de l’armée, j’y ai fait monter deux amies et nous avons roulé jusqu’à la mer la plus proche […], la côte du Maine. Rockport, dans le Maine, était une colonie d’artistes […]. [À] Gloucester, [nous] avons visité l’atelier d’un dénommé Romano […]. Nous nous sommes promenées dans son atelier et cela m’a ouvert les yeux sur la vitalité de la couleur brute […] excitante […]. J’étais prête pour un nouveau stimulus […], j’en avais assez du travail que j’avais fait jusqu’alors […]. J’ai donc entamé ce que j’appelle rétrospectivement ma période post-Romano, au cours de laquelle j’ai joué avec la couleur pour le plaisir, ce qui m’a permis de me libérer de beaucoup d’inhibitions.

 

En général, McCarthy peint ses œuvres post-Romano avec des couleurs primaires, brutes ou légèrement mélangées, tout en recourant également au noir et au blanc pur. Bien que cette phase soit de courte durée, elle est déterminante et correspond au moment où, dans sa pratique, McCarthy se déleste de sa peur d’expérimenter. À partir de là, elle élargit considérablement l’éventail technique de son art.

 

C’est presque en solo que McCarthy construit le Paradis d’une folle, sa première et unique maison; il est donc approprié que cette peinture incarne une nouvelle évolution de son style. Au sens figuré comme au sens propre, le tableau marque le début de son indépendance. Après la mort de son père, elle s’affranchit de l’attention envahissante de sa mère, et le nom de sa maison lui rappelle constamment cette libération, sa mère l’ayant sarcastiquement surnommée « ton paradis d’une folle ».

 

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