Mevagissey, Cornouailles 1950
Créée pendant son « année merveilleuse », alors que McCarthy voyage avec sa collègue et amie Virginia Luz (1911-2005) à travers l’Europe pendant son congé sabbatique de la Central Technical School, cette scène représente certaines des maisons situées le long de la colline du village de pêcheurs de Mevagissey, en Cornouailles. L’œuvre constitue un tournant dans sa maîtrise de la technique du dessin, non seulement dans sa capacité à croquer la scène, mais aussi à la structurer. McCarthy compose son image selon le motif en zigzag qu’elle adopte auprès de sa professeure Hortense Gordon (1886-1961) au Ontario Training College for Technical Teachers, à Hamilton. Les couleurs sont riches et variées, et le support mat convient parfaitement au ciel anglais sans soleil, tout en préservant la luxuriance du décor. L’impulsion de McCarthy à peindre cet endroit relève sans doute de son amour pour les villages de pêche de la Gaspésie, au Québec, qu’elle visitait souvent.
McCarthy attribue ses talents de dessinatrice à sa formation à la Central School of Arts and Crafts à Londres (aujourd’hui le Central Saint Martins), en Angleterre, où elle apprend « ce que la structure et le dessin veulent dire » auprès de maîtres tels que Frederick James Porter (1883-1944) et John Skeaping (1901-1980). Par la suite, elle se montre extrêmement critique à l’égard de l’enseignement qu’elle a reçu auparavant au Ontario College of Art (aujourd’hui l’Université de l’ÉADO). « Je suis rentrée chez moi avec cette idée en tête, dit-elle, et à partir de là, c’est ce que j’ai enseigné. » Pendant son séjour en Angleterre, McCarthy rencontre également Duncan Grant (1885-1978), qui lui parle peut-être de l’artiste autrichien Egon Schiele (1890-1918). Sa peinture de Mevagissey rappelle étrangement certains paysages urbains de Schiele, qui rendent tout aussi claustrophobe par l’adoption d’un point de vue vertigineux et la graphie serrée et nerveuse de l’artiste.