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Épinettes grises en bordure du cours d’eau 1977

Épinettes grises en bordure du cours d’eau

Doris McCarthy, Grey Spruce in the Ditch (Épinettes grises en bordure du cours d’eau), 1977
Huile sur bois, 30,5 x 40,6 cm
Galerie Doris McCarthy, Scarborough

Cette fascinante étude à l’huile figure des épinettes parmi d’autres feuillages peints principalement en gris. Le dépérissement important des branches confirme que la plupart des arbres sont en déclin. L’eau trouble est rendue par de fines traînées horizontales de peinture grise au milieu d’une étendue claire aux reflets immaculés. Dans cette œuvre très tactile, McCarthy prend soin de rendre les différentes textures avec un grand souci du détail, mais à en juger par le travail du pinceau, elle le fait d’une manière rudimentaire, presque hâtive.

 

Doris McCarthy, Grey Spruce, Inuvik (Épinettes grises, Inuvik), 1977, aquarelle, 29,8 x 40 cm, collection privée.

Épinettes grises en bordure du cours d’eau détonne dans l’œuvre de McCarthy, car le feuillage domine la composition. Ceci a pour effet de générer un sentiment de claustrophobie qui se trouve amplifié par le cadrage – un procédé également manifeste dans Valley of the Bow River Above Revelstoke (Vallée de la rivière Bow au-dessus de Revelstoke), 1938. Il est intéressant de comparer ce tableau avec une aquarelle de la même scène, Grey Spruce, Inuvik (Épinettes grises, Inuvik), 1977. On ignore laquelle a été créée en premier, mais l’aquarelle paraît plus intangible et moins texturée, le papier blanc remplaçant parfois le tronc d’un arbre. L’eau semble vierge, puis boueuse, avec une trace de gris assombrissant ses reflets. L’impression d’avoir affaire à un espace ouvert est en partie due à la semi-transparence des objets représentés et au fond blanc qui émerge dans les zones où la matière est appliquée en lavis. Il est impossible de dire qu’une version est meilleure que l’autre, elles sont simplement différentes.

 

Aucune de ces deux œuvres ne précise de lieu spécifique, mais le titre de l’aquarelle révèle que McCarthy les a peintes lors de sa visite dans la communauté d’Inuvik dans les Territoires du Nord-Ouest, en juin 1977. Elle s’y rend à l’invitation de John et Joan (Colly) Scullion qu’elle rencontre lors de sa première excursion dans l’Arctique en 1972, lorsque John travaille comme responsable de la colonie de Pond Inlet, dans le nord de l’île de Baffin. McCarthy leur offre une de ses œuvres, après quoi le couple rassemble ce qui deviendra « la plus grande collection privée existante de peintures de McCarthy », comme l’artiste l’écrit en 1991.

 

McCarthy est curieuse d’en savoir davantage sur les peuples autochtones qu’elle rencontre lors de ses voyages dans l’Arctique, et il est possible qu’elle ait eu connaissance de l’importance de l’épinette pour la Nation Gwich’in établie dans la région qui l’utilise pour tout, de l’allumage du feu à la fabrication de cordes, en passant par de nombreux usages médicinaux. Sans le vouloir, McCarthy a peut-être documenté les effets du changement climatique : l’une des conséquences de la montée des températures moyennes est l’expansion de l’épinette vers les zones septentrionales aux dépens de la toundra.

 

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