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Bannière de St. Aidan v.1957

Bannière de St. Aidan

Doris McCarthy, St. Aidan Banner (Bannière de St. Aidan), v.1957
Matériaux inconnus, 274,3 x 91,4 cm
Église anglicane St. Aidan, Toronto

La bannière de McCarthy représente saint Aidan (mort en 651 apr. J.-C.), un moine irlandais du septième siècle qui a fondé, sur la côte nord-est de l’Angleterre, le monastère ainsi que l’église de Lindisfarne, dont il est le premier évêque. Il est représenté de face, dans une pose iconique, portant un vêtement décoré. Il arbore un sceptre orné d’une croix gaélique dans la main droite et une maquette d’église, probablement celle du prieuré de Lindisfarne, dans l’autre. À ses pieds, qui sont nus, est décliné son nom; en dessous, à gauche, paraît le roi Oswine (mort en 651 apr. J.-C.); au centre, une illustration du cheval que le roi a offert à saint Aidan; et à droite, le mendiant à qui ce dernier a donné le cheval. Au-dessus de la figure se trouvent deux paires de mains, l’une grande et l’autre petite, peut-être celles de Dieu tenant celles du saint, ou celles du saint tenant celles de ses fidèles. De chaque côté, cinq poissons renvoient sans doute au fait que Lindisfarne est une île. La forme circulaire au centre supérieur de la composition pourrait évoquer ce territoire, les poissons suggérant les eaux environnantes. En 1958, McCarthy visite Lindisfarne, peignant sur l’île sainte et ses alentours.

 

Doris McCarthy, Untitled Crèche Figure [Virgin Mary] (Figure de crèche sans titre [Vierge Marie]), v.1925-2006, céramique, 39,4 x 13,3 x 23,5 cm, Galerie Doris McCarthy, Scarborough.
Doris McCarthy, Untitled Card [Adoration of the Magi I] (Carte sans titre [L’Adoration des Mages I]), v.1925-2006, linogravure, rouge sur papier, 21,6 x 27,9 cm, Galerie Doris McCarthy, Scarborough.

Pour pratiquement toute sa vie, depuis l’école du dimanche, McCarthy entretient une relation profonde avec sa foi, qu’elle cultive notamment à titre de paroissienne dévouée de l’église St. Aidan du quartier Beaches de Toronto. À onze ans, en collaboration avec son amie Marjorie Beer (1909-1974), elle écrit une pièce de théâtre qui est jouée dans cette église, et son groupe Canadian Girls in Training s’y réunit fréquemment. Pendant la Seconde Guerre mondiale, McCarthy sculpte une crèche de Noël et met en scène un certain nombre de pièces de la nativité.

 

La Bannière de St. Aidan est l’une des deux bannières réalisées par McCarthy pour le chœur de l’église en 1956 et en 1957 en l’honneur de son cinquantième anniversaire. Les bannières sont accrochées pour la célébration, mais retirées rapidement, sans explication. Mécontente, McCarthy réduit ses activités liées à l’église jusqu’à la mort de Beer en 1974.

 

Après le décès de son amie, McCarthy organise une production collective de bannières en son honneur pour la Metropolitan United Church, l’église de Beer au centre-ville de Toronto. Leur succès incite McCarthy à poursuivre dans cette voie : « Les bannières de Marjorie ont marqué pour moi le début de la création d’une série de tentures liturgiques. »

 

L’évêque Ecclesius tel que représenté sur la mosaïque de l’abside de la basilique de Saint-Vitale, achevée en 547, Ravenne, Italie.

Le style de la Bannière de St. Aidan est folklorique, rappelant les personnages de sa première commande publique en 1932, soit les peintures murales de la salle de lecture pour enfants de la succursale Earlscourt de la Bibliothèque publique de Toronto. Ce qui surprend dans la bannière, c’est qu’elle s’éloigne de l’iconographie conventionnelle. Dans la tradition, le saint n’apparaît jamais les pieds nus, ce que McCarthy choisit peut-être de faire pour symboliser l’humilité devant Dieu. Saint Aidan est généralement dépeint avec une Bible à la main ou une torche pour guider ses disciples hors des ténèbres. Le flambeau pourrait faire référence à son nom : en gaélique, Aidan est un nom neutre qui signifie « petit feu ». L’image de l’évêque qui tient une église est courante dans l’imagerie des personnages qui, comme saint Aidan, ordonnent la construction d’un bâtiment. McCarthy tire probablement son inspiration de sa visite en 1951 de la basilique Saint-Vital à Ravenne, en Italie, où une mosaïque montre saint Ecclesius (mort en 532 apr. J.-C.) présentant l’église à un Christ intronisé. Le sceptre couronné d’une croix gaélique est également rare dans l’iconographie de saint Aidan, qui est plutôt figuré avec une houlette de berger. Les mains et les poissons n’ont pas de précédent non plus, bien que les premières puissent faire allusion à l’un des miracles du saint, qui a imploré Dieu de sauver la ville de Bamburgh des ravages du roi Penda de Mercie (v.606-655 apr. J.-C.).

 

La licence poétique que prend McCarthy dans sa représentation de saint Aidan résulte peut-être d’un manque d’informations accessibles sur son iconographie. Au début des années 1970, saint Aidan est éclipsé par l’évêque plus célèbre de Lindisfarne, saint Cuthbert. En cela, l’interprétation de McCarthy mérite d’être saluée.

 

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