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Le grand effet de fondu 2001

Le grand effet de fondu

Carl Beam, Big Dissolve (Le grand effet de fondu), 2001

Acrylique et crayon sur toile, 213,5 x 335,5 cm

Collection de Steven et Mary Orfield

© Succession Carl et Ann Beam/CARCC Ottawa 2024

Le grand effet de fondu montre une baleine représentée presque comme une ombre fantomatique suspendue dans des champs picturaux de lavis blancs, à côté d’une séquence de chiffres, d’un index de couleurs et du poème suivant, inscrit sur la surface peinte : « the big dissolve: the little pieces and the little pixels all worked in a weird harmony, leaving only a memory of an incomplete poetry [Le grand effet de fondu : les petits morceaux et les petits pixels ont tous été travaillés en une étrange harmonie, ne laissant que le souvenir d’une poésie incomplète]. » L’idée de se « fondre » – de se décomposer, de disparaître, de se laisser aller – est exprimée directement dans la couche de matière recouvrant la baleine, qui efface pratiquement l’image de la composition et conduit le mammifère à se fondre dans l’arrière-plan.

 

Créée à une époque où Carl Beam trouve la paix en travaillant dans son atelier en briques d’adobe sur l’île Manitoulin, Le grand effet de fondu est une peinture grand format de la série The Whale of Our Being (La baleine de notre être), 2001-2003, qui met de l’avant, plus directement dans sa pratique artistique, les préoccupations écologiques de Beam. Dans cette série, l’image de la baleine agit comme une métaphore de l’écosystème naturel et comme un symbole de la relation entre l’être humain et la nature. Pour Beam, la baleine est un indicateur de la détérioration de l’environnement et de la santé des espèces animales menacées d’extinction par les activités humaines. Après Le grand effet de fondu, Beam poursuit son étude sur les liens entre les domaines humain, animal et végétal dans les autres œuvres que compte La baleine de notre être. La morale de la série est que l’être humain est voué au même destin que la baleine.

 

Carl Beam avec une aquarelle à Cape Cod, Massachusetts, 2000, photographie d’Ann Beam. © Succession Carl et Ann Beam/CARCC Ottawa 2024.
Carl Beam, Driver (Moteur), 2001, techniques mixtes sur papier vélin, 102 x 151,5 cm, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa. © Succession Carl et Ann Beam/CARCC Ottawa 2024.

La baleine de notre être est la dernière grande série de Beam. Bien qu’elle rassemble les thèmes plus larges et les préoccupations intellectuelles qu’il aborde tout au long de sa prolifique carrière, l’idée de la série est cimentée lors d’un voyage familial à Cape Cod, au Massachusetts, en 2000. Beam passe les longues journées d’été au bord de l’océan Atlantique, tirant des bobines de pellicule qui seront utilisées dans des peintures et des œuvres à émulsion photographique telles que Self-Portrait at the Ocean of Our Great Unlimited Stupidness (Autoportrait à l’océan de notre grande sottise illimitée), s.d.

 

Le grand effet de fondu se comprend mieux comme un poème visuel critiquant la pratique de la pêche industrielle dans laquelle les mers sont pillées et des espèces entières de mammifères marins et de poissons sont décimées de manière catastrophique. D’autres œuvres de La baleine de notre être, telle que Driver (Moteur), 2001, juxtaposent les images d’une baleine en train d’être dépecée sur un navire-usine avec des photos du cockpit de l’Enola Gay, l’avion qui a largué la bombe atomique sur Hiroshima. Ces images inconfortables soulignent le message de Beam selon lequel « ce qui arrive à la baleine nous arrive aussi ». En revanche, Le grand effet de fondu est une œuvre relativement minimale, mais néanmoins obsédante et méditative, en raison du poème allusif incorporé dans la structure formelle de l’œuvre. Le « big dissolve [grand fondu] » fait référence au déclin rapide de la population de baleines dû à la pêche apparemment incontrôlée des chalutiers-usines.

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