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Norman Takeuchi

Norman Takeuchi

Norman Takeuchi, Hastings Park, 2006
Acrylique, crayon Conté et image photographique sur papier façonné, 148 x 132 cm
Collection Beaverbrook d’art militaire, Musée canadien de la guerre, Ottawa

En 2019, jetant un regard rétrospectif sur son travail, l’artiste ottavien Norman Takeuchi (né en 1937) observe : « La dualité d’être un Canadien japonais est au cœur de mon travail récent […] Des formes abstraites déstabilisantes et inconfortables qui font allusion aux premières années d’exclusion se bousculent avec des images du vieux Japon. » En 2015, le Musée canadien de la guerre acquiert A Measured Act (Un acte mesuré) de Takeuchi, composée de cinq kimonos en papier grandeur nature (Hastings Park est l’un d’eux), « sur lesquels on retrouve des images photographiques, des peintures à l’acrylique ainsi que des dessins réalisés au crayon Conté et au pastel à l’huile. Caractérisé par ses manches amples, le kimono, l’un des emblèmes du Japon, constitue tout à la fois un artefact culturel, un article de mode et une œuvre d’art. Les versions papier façonnées par Takeuchi allient des formes abstraites de couleurs sombres, des textes et des images photographiques. Ces documents historiques sont associés à l’internement de Canadiens d’origine japonaise qui ont été persécutés en raison du rôle d’assaillant qu’a joué le Japon au cours de la Seconde Guerre mondiale ».

 

Construction du Pavillon du Canada à l’Exposition universelle de 1967, à Montréal, 1966, photographie; diapositive couleur, 35 mm, Bibliothèque et Archives Canada, Ottawa. Le pavillon canadien comportait une pyramide inversée intitulée Katimavik, qui faisait partie intégrante de sa structure.

À l’instar de Juan Geuer (1917-2009), la pratique artistique de Takeuchi l’occupe parallèlement à son travail à temps plein comme fonctionnaire. Le parcours de ces deux artistes est cependant bien différent. Né à Vancouver, Takeuchi fait partie des milliers de Canadiens japonais qui ont tout perdu après décembre 1941. Sa famille a été forcée de s’installer à Westwold, une petite communauté de l’Intérieur de la Colombie-Britannique. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un camp d’internement, la famille vit dans la pauvreté et Takeuchi est fréquemment humilié parce qu’il est Japonais. Après le retour de la famille à Vancouver en 1946, il fréquente la Vancouver School of Art, où il étudie le graphisme et la peinture. Il obtient ensuite une bourse artistique qui lui permet de travailler à Londres, en Angleterre, pendant un an.

 

Takeuchi revient au Canada en 1962 et devient designer à la Commission des expositions du gouvernement canadien (renommée, en 1976, Centre des expositions du gouvernement canadien), pour laquelle il travaille à des projets tels que le Pavillon du Canada à l’Exposition universelle de 1967, à Montréal, et à l’Exposition universelle de 1970 à Osaka, au Japon. Il fait la connaissance de Duncan de Kergommeaux (né en 1927) et d’autres personnes de la région, et expose des œuvres telles que Blouse, 1968, à la Blue Barn Gallery et d’autres galeries à Ottawa. Takeuchi est l’un des sept artistes qui ont participé à la célèbre manifestation de 1969 du Musée des beaux-arts du Canada, dirigée par Victor Tolgesy (1928-1980) .

 

Lorsqu’en 1996, Takeuchi se retire du monde du travail, il peut se consacrer entièrement à son art. Dix ans plus tard, Un acte mesuré est présenté dans le cadre de l’exposition collective Without a Passport (Sans passeport), tenue à la Galerie Karsh-Masson. Takeuchi poursuit son exploration des thèmes liés aux traumatismes multigénérationnels, à la guérison et à la résilience devant l’internement des années 1940, ainsi qu’à la dualité de l’identité canadienne japonaise, par des créations comme View of Mount Fuji from Lemon Creek (Vue du Mont Fuji depuis Lemon Creek), 2012-1218, et Wedding Song (Chanson de mariage), 2020.

 

Norman Takeuchi, View of Mount Fuji from Lemon Creek (Vue du Mont Fuji depuis Lemon Creek), 2012-2018, acrylique sur toile, 121,9 x 182,9 cm.
Norman Takeuchi, Wedding Song (Chanson de mariage), détail : toile gauche, 2020, acrylique sur toile, d’un bout à l’autre : 122 x 200 cm, détail : 122 x 91,5 cm.

 

 

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