John William Hurrell Watts
En mars 1880, le public de la première exposition de l’Académie royale des arts du Canada (ARC) peut admirer quatre petites gravures de John William Hurrell Watts (1850-1917), œuvres relevant d’un mouvement connu sous le nom de « renouveau de l’eau-forte ». Pratiquement inconnu au Canada, ce mouvement visait à ressusciter le procédé de gravure rendu célèbre par Albrecht Dürer (1471-1528) et Rembrandt van Rijn (1606-1669). L’une de ces quatres eaux-fortes est probablement Rue Elgin, Ottawa, une vue des édifices du Parlement, au nord. Watts a peut-être été le premier aquafortiste à exposer ses œuvres au Canada. En 1879, il achète une presse à gravure ainsi que des manuels et il devient le pionnier du renouveau, ce qui aurait dû, déjà, lui mériter une plus grande reconnaissance. À l’exposition de l’ARC de 1881, à Halifax, Watts présente également des gravures et enseigne la technique à William Brymner (1855-1925) et à Ernest Fosbery (1874-1960). Toutefois, son travail de graveur n’est qu’un élément de sa contribution aux arts à Ottawa.
Watts naît à Teignmouth, en Angleterre, et suit une formation de dessinateur et d’architecte à Londres. En 1873, il immigre au Canada et s’installe à Montréal, où il travaille pour le Canadian Illustrated News. Embauché comme dessinateur d’architecture au ministère des Travaux publics, il déménage à Ottawa, en 1874, et y reste jusqu’à sa démission, en 1897, pour poursuivre une carrière d’architecte. Son intérêt pour les bâtiments est manifeste dans son art, aussi bien dans les détails architecturaux de l’œuvre Caretaker–Victoria Chambers (Le concierge – Victoria Chambers), v.1881, que dans les scènes telles que View from the Foot of Wellington Street, Ottawa (Vue du bas de la rue Wellington, Ottawa), v.1890.
Sa vie durant, Watts est actif dans la communauté artistique d’Ottawa, tant à titre officiel que non officiel. Il devient un associé de l’ARC lors de sa fondation, en 1880, et un membre à part entière, en 1881. En plus de ses talents de dessinateur et de graveur, Watts est un aquarelliste et un peintre accompli, présentant ses œuvres aux expositions annuelles de l’ARC et de la Art Association of Montreal (AAM). Dans le cadre de ses responsabilités au sein du ministère des Travaux publics, Watts est le premier conservateur de la Galerie nationale du Canada (aujourd’hui le Musée des beaux-arts du Canada). Il est en outre chargé du programme d’admission des nouveaux membres de l’ARC, qui doivent soumettre un morceau de réception pour la collection d’art nationale, et il organise des expositions d’œuvres de la collection du musée de 1882 à 1897. Watts est également actif au sein de la Art Association of Ottawa et enseigne dans son école.
Dans sa pratique architecturale, il conçoit plusieurs bâtiments résidentiels remarquables, comme la somptueuse résidence Fleck. À sa mort, en 1917, Watts lègue sa presse et ses outils à Fosbery, qui devient à son tour professeur de gravure.