Henry Pooley
En 1833, l’officier britannique et lieutenant, Henry Pooley (actif 1812-1843), réalise deux croquis de l’embouchure du canal Rideau, témoignant de la croissance d’une nouvelle communauté et du déplacement des peuples autochtones par les colonisateurs européens. La première, ci-dessus, à gauche, réalisée depuis la rive nord de la rivière des Outaouais en regardant vers la Colline des Casernes (aujourd’hui la Colline du Parlement) et Bytown, nom alors reconnu à Ottawa, montre un campement anishinabeg sur des territoires ancestraux. La nation anishinabeg a été dépossédée de ces terres lorsque le Conseil exécutif de la Cour du Bas-Canada a éteint ses revendications territoriales en 1839. Le deuxième croquis, ci-dessus, à droite, montre les huit premières écluses du canal Rideau représentées depuis la Colline des Casernes. Cette œuvre dépeint l’introduction de la technologie européenne sur le territoire, imposant le pouvoir afin de préparer les terres au peuplement et à l’exploitation. Pooley, un ingénieur royal, a fait des croquis de lieux spécifiques pour le gouverneur général, Lord Dalhousie.
L’œuvre artistique de Pooley n’est pas particulièrement remarquable en soi, mais elle documente les nombreux officiers et fonctionnaires britanniques qui résident à Bytown. Certaines des plus anciennes et des plus belles vues de la région sont des aquarelles réalisées par ces derniers, à commencer par l’officier de l’artillerie royale Thomas Davies (v.1737-1812), qui se rend aux chutes de la Chaudière au début des années 1790. Lord Dalhousie, lors d’une tournée du Haut-Canada en 1821, est accompagné de son artiste « officiel », John Elliott Woolford (1778-1866), créateur de dessins comme View of the Chaudière Falls Looking Towards the Village of Hull (Vue des chutes de la Chaudière depuis le village de Hull), v.1821. Dalhousie, en consultation avec ses subordonnés, décide de faire construire un pont pour relier le Haut et le Bas-Canada et il ordonne à Woolford de dessiner des vues du site proposé. Ces images constituent des documents explicatifs essentiels pour les supérieurs de Dalhousie, au bureau des Colonies.
D’autres artistes militaires britanniques, dont Henry Duvernet (1787-1843), James Pattison Cockburn (1779-1847), Philip John Bainbrigge (1817-1881) et Henry Francis Ainslie (v.1805-1879), ont également reproduit des vues remarquables des chutes, du canal Rideau et du paysage de la région, à des fins officielles mais aussi pour des raisons personnelles. De même, William S. Hunter Sr. (actif 1836-1853) et les civils Robert Bouchette (1805-1879) et Thomas Burrowes (1796-1866), arpenteur du canal Rideau, ont créé des œuvres qui dépeignent avec vivacité la vie dans le Haut-Canada.
John Burrows (1789-1848), qui a réalisé une vue aujourd’hui perdue des chutes de la Chaudière, est un autre artiste mandaté par Lord Dalhousie. Ses dessins du pont Union sur la rivière des Outaouais sont méticuleux et magnifiquement exécutés. Bien qu’il soit connu comme un artiste topographique, Burrows devient aussi un activiste civique remarquable. En août 1846, il organise la première exposition d’art publique de l’histoire de Bytown. Sa mort, en 1848, prive la communauté d’un important leader artistique. Le travail de ces artistes militaires et colons est précieux, non seulement parce qu’il documente la colonisation et les modifications de l’environnement, mais aussi l’évolution de l’esthétique de la représentation.