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Evergon

Evergon

Evergon, vue d’installation de Ramboys: A Bookless Novel [the Pic-a-Wic Wrestlers and the Seven Amours] (Ramboys : Un roman sans livre [les lutteurs de Pic-a-Wic et les sept amours]), 1991-1995
Épreuve à la gélatine argentique virée au sélénium, tirée de négatifs Polaroïd 665 et d’objets trouvés
Négatifs Polaroïd : 139,7 x 167,6 cm

 

L’image ci-haut présente l’installation, en 2018, de l’œuvre Ramboys : Un roman sans livre [les lutteurs de Pic-a-Wic et les sept amours], à la galerie Never Apart de Montréal, photographie d’Eva Blue.

Aujourd’hui établi à Montréal, l’artiste connu sous le nom d’Evergon (né en 1946) enseigne au programme d’arts visuels de l’Université d’Ottawa du milieu des années 1970 jusqu’en 1999. Durant la même période, il acquiert une réputation nationale et internationale et s’implique dans la communauté locale. Son œuvre fait l’objet d’importantes expositions, d’abord au Musée des beaux-arts du Canada (MBAC) (1988), puis à la Galerie d’art d’Ottawa (GAO) (1994), qui présentent toutes deux des compositions photographiques d’envergure accompagnées d’objets.

 

Evergon qualifie sa propre pratique créative d’érotique et de pornographique, expliquant qu’une partie importante de son travail explore l’homoérotisme. L’historien de l’art Jean-François Renard observe que le pseudonyme de l’artiste « décrit son existence fugitive, mais […] marque aussi, intuitivement, les propriétés instables et fluides de l’identité : ever gone [à jamais disparu] […] le nom implique une absence et, par extension, la prérogative de l’évasion et de la fuite ». Pour signer ses œuvres, Evergon utilise également d’autres pseudonymes, tels que Celluloso Evergoni, Egon Brut et Eve R. Gonzales.

 

Evergon, Untitled (Sans titre), 1986, Polaroïd, 81 x 55,5 cm, Banque d’art du Conseil des arts du Canada, Ottawa.
Evergon, The Maid and the Black Cat Are Dead [Evergon] (La servante et le chat noir sont morts [Evergon]), 2001, épreuve à la gélatine argentique virée au sélénium, tirée d’un négatif noir et blanc instantané (Polaroïd), 140 x 166,5 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec.

Dans les années 1970, le département d’arts visuels de l’Université d’Ottawa recrute plusieurs photographes de grande renommée, dont Michael Schreier (né en 1949) et Lynne Cohen (1944-2014). Evergon est sans doute le plus controversé du groupe. Né Albert Jay Lunt à Niagara Falls, en Ontario, il étudie à l’Université Mount Allison, à Sackville, au Nouveau-Brunswick, puis obtient une maîtrise en beaux-arts du Rochester Institute of Technology, en 1974. Réticent à l’idée de postuler pour un poste d’enseignant, il raconte s’être habillé en femme pour son entretien d’embauche à l’Université d’Ottawa afin de décourager le comité de l’engager, mais à sa grande surprise, le poste lui a été offert.

 

Dans sa carrière d’enseignant, Evergon cherche à éveiller ses élèves – dont plusieurs ont aujourd’hui bonne réputation, comme Lorraine Gilbert (née en 1955) ou François Morelli (né en 1953) – à réaliser leur potentiel plutôt que de chercher à copier ce qu’il crée. Ouvertement homosexuel, Evergon milite activement pour les droits des personnes homosexuelles au Canada et s’investit dans la création d’un climat positif et ouvert au sein des institutions culturelles canadiennes favorisant la diffusion d’œuvres issues de la diversité des genres et des sexualités. Dans sa pratique artistique, Evergon explore les arts médiatiques, du cyanotype au collage en passant par la photocopie couleur et les photographies Polaroïd. Il exploite les possibilités de l’éclairage, des costumes, des modèles et des accessoires, pour créer des œuvres rappelant le style des peintures de la Renaissance et du baroque, comme on le voit dans Untitled (Sans titre), 1986. Il fait parfois référence à des œuvres spécifiques, comme Olympia, 1863, d’Édouard Manet (1832-1883), une icône de l’histoire du modernisme, qu’il cite dans The Maid and the Black Cat Are Dead [Evergon] (La servante et le chat noir sont morts [Evergon]), 2001, par exemple.

 

L’œuvre d’Evergon a fait l’objet de nombreuses expositions, tant au Canada qu’à l’étranger, et s’inscrit dans les collections de musées canadiens, américains et européens, notamment le National Science and Media Museum de Bradford, en Angleterre. Evergon a réinventé la pratique artistique de la photographie et laisse ainsi sa marque. Par l’exploration de son identité sexuelle, il contribue en outre à éveiller un intérêt sans précédent pour la construction sociale du genre dans l’expression artistique au Canada.

 

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