David Milne
La Colline du Parlement depuis Hull est l’une des quelques œuvres réalisées par David Milne (1882-1953) alors qu’il était établi à Ottawa. Né dans le comté de Bruce, en Ontario, Milne vit plusieurs années aux États-Unis avant de séjourner à Ottawa, au cours de l’hiver 1923-1924. Comme il l’écrira plus tard, « Je croyais que je pourrais faire le saut au Canada, un changement que j’envisageais depuis longtemps. Je suis allé à Ottawa et j’y suis resté d’octobre à avril. J’ai aimé Ottawa… Mais j’étais un étranger au Canada, ayant été parti si longtemps, je ne semblais pas capable de prendre racine […]. Je suis retourné dans les Adirondacks ».
La plupart des études importantes sur son œuvre ne signalent pas ce séjour de Milne à Ottawa et, pourtant, l’historien de l’art David Silcox décrit cette période de manière assez détaillée dans une biographie remarquable. Ce voyage de Milne est révélateur de l’attrait qu’exerce la ville. Kathleen Moir Morris (1893-1986), Mabel May (1877-1971) et le membre du Groupe des Sept, Frederick Varley (1881-1969), comptent parmi nombre d’artistes qui y sont venus dans l’espoir de se trouver un mécène et un poste au sein du gouvernement.
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David B. Milne, E.B. Eddy Mill, Hull, Quebec (Usine de papier E. B. Eddy, Hull, Québec), 1923
Aquarelle en demi-sec sur crayon sur papier vélin, 37 x 54,3 cm
Bibliothèque et Archives Canada, Ottawa -
David B. Milne, From an Upper Window, Ottawa II (Depuis une fenêtre du haut, Ottawa II), 1924
Huile sur toile, 31 x 41 cm
Musée des beaux-arts de l’Ontario, Toronto -
David B. Milne, House of Commons (Chambre des Communes), 7 novembre 1923
Aquarelle et mine de plomb sur papier vélin chamois, 39 x 55,7 cm
Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa
Durant les six mois qu’il passe à Ottawa, Milne produit quelques peintures et aquarelles. Dans une lettre écrite à son bon ami James Clarke, Milne confie avoir « obtenu la permission de faire des croquis pratiquement partout et de tout le monde à Ottawa [, …ajoutant qu’en] ce qui concerne les photos des derniers jours, [il] n’en [a] fait que deux représentant les édifices du Parlement, l’une n’étant pas bonne et l’autre prometteuse… une [troisième étant] en cours de réalisation – depuis la manufacture d’allumettes Eddy à Hull en regardant vers Ottawa ». Cette œuvre, E.B. Eddy Mill, Hull, Quebec (Usine de papier E. B. Eddy, Hull, Québec), 1923, est maintenant la propriété de Bibliothèque et Archives Canada.
Milne vit et travaille dans un atelier de la rue Sparks, dans le même bâtiment qu’Ernest Fosbery (1874-1960), Graham Norwell (1901-1967) et que le graveur japonais Yoshida Sekido (1894-1965), de passage à Ottawa. Il constate que la vie y est bon marché, mais le travail, difficile à trouver. Pendant son séjour, il reproduit des vues de la rue Sparks depuis sa fenêtre.
Milne se lie également d’amitié avec d’autres artistes d’Ottawa, notamment Florence McGillivray (1864-1938), Harold Beament (1898-1984), Paul Alfred (1892-1959) et Frank Hennessey (1894-1941). En janvier 1924, il expose ses œuvres dans le cadre de l’exposition du Ottawa Group, à la Hart House de l’Université de Toronto. Cependant, il ne parvient pas à décrocher un emploi au sein du gouvernement fédéral. Eric Brown achète six de ses œuvres pour la Galerie nationale (aujourd’hui le Musée des beaux-arts du Canada) et deux d’entre elles sont sélectionnées pour l’exposition de Wembley, en Angleterre, en 1924. Néanmoins, l’argent reçu ne suffit pas à le faire vivre, sans compter que sa femme, qui vit à Montréal, lui manque. Il retourne bientôt dans le nord de l’État de New York, où il restera jusqu’en 1929.
Il est peu probable que les œuvres de Milne, inspirées par le modernisme d’avant-garde international, conviennent aux goûts plus conservateurs des fonctionnaires de la ville d’Ottawa, mais il continue d’exposer des œuvres inspirées de son séjour dans cette ville jusqu’en 1927. En 1935, James Wilson & Co. organise une exposition des œuvres de Milne dans la ville. Ce n’est que lorsque Douglas Duncan, de Toronto, devient son marchand, en 1938, qu’il connaît un véritable succès. Il obtient finalement une reconnaissance internationale lorsque certaines de ses pièces sont incluses dans l’exposition du Canada à la Biennale de Venise, en 1952. L’année suivante, Milne meurt à Bancroft, en Ontario.