John Greer (né en 1944)
Tout au long des années 1970, l’un des sculpteurs haligoniens les plus en vue à Halifax est John Greer, acclamé pour ses « objets conceptuels », des œuvres hybrides composées de photos, de textes et d’objets trouvés, souvent intitulées avec des jeux de mots et des références à l’histoire de l’art. L’un de ces jeux de mots est une œuvre de 1978 composée de deux feuilles de plomb pliées à la manière d’un avion en papier, suggérant que cet objet lourd pourrait voler – intitulée Lead to Believe (Faire croire).
Mais à la fin des années 1980, Greer modifie son parcours professionnel et adopte les matériaux et les procédés traditionnels de la sculpture sur pierre, appliquant des idées conceptuelles et postminimalistes à ce qui est perçu comme un moyen d’expression démodé. Parallèlement aux nouvelles approches de la sculpture dans le monde de l’art, telles que la New British Sculpture à Londres et la Commodity Sculpture à New York, le travail conceptuel de Greer s’éloigne nettement de l’abstraction et du minimalisme qui ont constitué l’orthodoxie sculpturale au cours des décennies précédentes. En tant qu’artiste et directeur du département de sculpture du Nova Scotia College of Art and Design dans les années 1980 et 1990, il contribue à inspirer une jeune génération de praticien·nes dans un élan d’activité créatrice connue sous le nom de Halifax Sculpture.
En 1987, l’exposition personnelle de Greer à la Dalhousie Art Gallery, Connected Works (Œuvres connectées), est le point culminant d’un long processus créatif, qui fusionne en toute fluidité des idées d’art conceptuel avec des techniques telles que la sculpture et le moulage du bronze. Sa monumentale installation sculpturale Reconciliation (Réconciliation), 1989, une œuvre en bronze et en marbre acquise par le Musée des beaux-arts du Canada en 1993, témoigne de son engagement à réinventer les techniques et les processus de la sculpture.
Le changement d’orientation fondamental dans la pratique de Greer le voit sculpter directement dans la pierre – ses œuvres précédentes, telles que TV Idol Time (L’heure des idoles de la télévision), 1981, ont été fabriquées commercialement par des tailleurs de pierres tombales – et faire appel à une imagerie représentative à des fins poétiques et narratives. Mais plutôt que de représenter des choses spécifiques, Greer dépeint des types ou des idées de choses, ce que le critique américain Douglas Crimp (1944-2019) appelle des « images » dans son essai du même nom (Pictures). Crimp emploie ce terme pour faire allusion à l’intérêt artistique naissant de l’époque pour les images – tel que démontré par la production d’œuvres d’art qui ne sont pas simplement des représentations de choses, mais qui réfléchissent conceptuellement au rôle et à la nature des images elles-mêmes. Ces considérations en sont venues à constituer une approche déterminante du postmodernisme.
Greer poursuit son travail de la pierre et passe une partie de l’année à Pietrasanta, en Italie, où se trouvent les célèbres carrières de marbre de Carrare chez qui se fournissent les artistes de la sculpture de pierre depuis l’époque romaine. Il expose régulièrement à Halifax, où l’on trouve également plusieurs de ses sculptures publiques, dont The Sirens’ Calling (Le chant des sirènes), 2020, sur le front de mer de Halifax.