Frances Jones (Bannerman) (1855-1944)
Frances Jones naît dans une famille riche et cultivée de Halifax. Son père, Alfred Gilpin Jones (1824-1906), est un homme d’affaires et un politicien qui a été député et ministre avant de devenir, en 1900, lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse. Frances Jones apprend d’abord l’art à la maison auprès de sa mère, Margaret Wiseman Stairs (1825-1875), et de ses gouvernantes. En 1877, elle étudie avec Forshaw Day (1831-1903). En 1878, elle suit des cours à l’atelier d’Édouard Krug (1829-1901) à Paris et passe ses étés en Bretagne, à Pont-Aven.
Influencée par les peintres impressionnistes qui pratiquent à Paris, Jones incorpore des « éléments de la lumière et la touche picturale de la nouvelle peinture » dans ses œuvres des années 1880. Ce faisant, elle devient, comme l’écrit l’historienne de l’art Carol Lowrey, « la première peintre canadienne à expérimenter les préceptes stylistiques et thématiques associés à la nouvelle peinture ». Elle est également la première peintre du Canada à inclure un sujet canadien dans l’un des Salons de Paris; son tableau de 1883 In the Conservatory (exposé au Salon de 1883 sous le titre Le jardin d’hiver) est une vue de sa cousine lisant dans un jardin baigné de soleil de la maison familiale des Jones à Halifax. Le public contemporain aurait reconnu dans cette peinture un hommage à son proche voisin parisien, Édouard Manet (1832-1883), dont Dans la serre avait été exposé au Salon de 1879. L’adoption précoce des principes impressionnistes par Jones s’avère influente sur le développement de la peinture haligonienne au cours de la première moitié du vingtième siècle.
Bien que Jones passe la majeure partie de sa carrière professionnelle en Europe, elle expose régulièrement à Halifax et constitue un exemple notable d’artiste locale ayant « réussi ». En 1882, elle est élue membre associée de l’Académie royale des arts du Canada (ARC), la première femme artiste à recevoir cette distinction. Elle présente trois œuvres à l’exposition de l’ARC à Halifax cette année-là, dont l’une est achetée par le mécène de l’ARC, le marquis de Lorne (1845-1914), gouverneur général du Canada. Tout au long des années 1880, Jones participe au Salon de Paris, aux expositions de l’ARC et, après son mariage en 1886 avec le peintre britannique Hamlet Bannerman (1851-1895) et son déménagement en Angleterre, aux expositions annuelles de la Royal Academy of Arts.