Christianne Morris (v.1804-1886)
Artiste de métiers d’art mi’kmaw réputée et modèle d’artiste, figure publique à Halifax depuis environ 1850 jusqu’à sa mort en 1886, Christianne (également nommée Christy Anne, Christine, Christina) Morris produit un grand nombre d’œuvres dont il ne reste plus que deux pièces : un magnifique berceau en bois, décoré de panneaux en piquants de porc-épic, dans la collection du DesBrisay Museum à Bridgewater, et une paire de raquettes fabriquée pour un maire de Halifax, dans la collection du Musée de la Nouvelle-Écosse. Des documents contemporains font état de cadeaux de ses œuvres à des dignitaires en visite, dont le prince de Galles, et de la présentation d’une de ses œuvres à la reine Victoria. La British Royal Collection possède plusieurs exemplaires d’ouvrages en piquants de porc-épic et de vêtements mi’kmaw; il est probable que certains (sinon la plupart) soient de Morris, mais le nom de l’artiste n’est pas répertorié dans la base de données.
Morris, née Christianne Paul à Stewiacke, vers 1804 (sur le territoire Sipekne’katik du Mi’kma’ki), se marie jeune et déménage à Halifax pour vivre avec son mari, Tom Morris, beaucoup plus âgé qu’elle. Ce dernier meurt au début de leur mariage et Morris adopte une nièce orpheline, Charlotte, et un garçon, Joe, qu’elle élève seule. Charlotte devient plus tard un modèle d’artiste très en demande et il est souvent difficile de savoir si les images qui subsistent aujourd’hui la représentent, elle, ou sa tante.
De nombreuses histoires subsistent à propos de Morris, notamment celles de ses amitiés avec les maires successifs de Halifax, ainsi qu’avec le premier ministre, Joseph Howe (1804-1873), de même que l’histoire de sa présentation d’une paire de mocassins à la reine Victoria, qui aurait conduit à une concession de terre de la part de la reine pour une propriété sur le bras Northwest. Que la terre lui ait été accordée ou non par la reine Victoria, Morris y construit une maison en 1855 et y entretient une petite ferme jusqu’à la fin de sa vie.
Morris crée le berceau à capote vers 1867 pour son ami Reuben Rhuland. Selon l’historien, auteur et conservateur Harry Piers (1870-1940), elle a confié à Rhuland que les panneaux correspondaient à ceux d’un berceau qu’elle avait déjà fabriqué en cadeau pour le prince de Galles, enfant. Ce berceau, souvent considéré comme la plus grande pièce en piquants de porc-épic mi’kmaw existante, présente plusieurs motifs traditionnels mi’kmaw, dont les aurores boréales et les étoiles de mer. Il comporte également deux motifs centraux d’élan disposés dans des panneaux circulaires et rendus dans un réalisme rarement observé dans les ouvrages en piquants de porc-épic mi’kmaw.
En plus de son travail avec les piquants de porc-épic, Morris est très appréciée pour ses habiletés dans d’autres métiers traditionnels mi’kmaw, y compris la fabrication d’outils. En 1854, elle remporte le premier prix à l’Exposition provinciale pour un « canot d’écorce grandeur nature et des pagaies ouvragées ». Elle obtient aussi le deuxième prix pour un « groupe de six boîtes en piquants de porc-épic ». Elle sert fréquemment de modèle aux artistes et il existe plusieurs peintures et photographies qui, présume-t-on, la représentent.