Artiste mi’kmaw dont on connaissait autrefois le nom
Au cours de la période pré-contact, les Mi’kmaq ont fabriqué de nombreux objets qui seraient aujourd’hui considérés comme de l’art. Leurs activités n’avaient pas de caractère commercial et étaient plutôt orientées vers la communauté et liées à des jeux et à d’autres formes de divertissement comme la danse et les contes. L’aîné Mi’kmaw et auteur Daniel N. Paul témoigne : « Une autre forme de loisir [pour les Mi’kmaq] est la production de belles œuvres d’art. Les femmes en particulier étaient, et sont toujours, des créatrices particulièrement inventives et habiles. » En grande partie, ces œuvres d’art sont réalisées à partir de matériaux naturels éphémères, et on ne conserve de nos jours que peu d’éléments de l’art mi’kmaw datant d’avant la colonisation. Parmi ceux qui subsistent, on ne peut déterminer avec certitude qu’ils ont été fabriqués à Kjipuktuk. Les objets étaient créés par les artistes mi’kmaw pour être utilisés, plutôt que pour être collectionnés ou conservés au-delà de leur durée de vie utile : « Selon les valeurs sociales [des Mi’kmaq], écrit Paul, il n’est pas nécessaire d’accumuler des biens matériels pour soi-même. » Les objets sont peut-être éphémères, mais les traditions perdurent, et les artistes mi’kmaw créent encore aujourd’hui des œuvres suivant les pratiques traditionnelles.
Les artistes mi’kmaw ont laissé des pétroglyphes, soit des dessins gravés dans la pierre. Plus de 500 pétroglyphes datant de plusieurs centaines d’années sont connus dans divers sites du Parc national et lieu historique national Kejimkujik, sur la côte de la baie de Fundy, en Nouvelle-Écosse. Les quelques pétroglyphes découverts à Kjipuktuk sont aujourd’hui protégés et désignés lieu historique national du Canada des Pétroglyphes-de-Bedford. Il est impossible de savoir qui a incisé deux dessins dans la pierre dure des landes de Bedford, l’un représentant une étoile traditionnelle mi’kmaw à huit branches, et l’autre, une figure humanoïde. Les pétroglyphes sont décrits par les archéologues de Parcs Canada comme « des représentations de la puissance fertile du soleil et du plus ancien ancêtre masculin ». L’étoile à huit branches, un ancien symbole largement présent dans l’iconographie mi’kmaw, représente à la fois le soleil et les huit nations du Mi’kma’ki. Les deux images réunies peuvent représenter une cérémonie du lever du soleil, au cours de laquelle « chaque matin [les Mi’kmaq du passé] remerciaient le soleil levant pour le début de chaque journée ». On ne connaît pas l’âge exact de ces sculptures, mais elles semblent avoir été réalisées à l’aide d’outils en pierre, ce qui signifie qu’elles datent d’au moins 600 ans avant le contact de l’Europe avec le Mi’kma’ki.
L’étoile à huit branches demeure une image importante dans l’art mi’kmaw, que l’on trouve dans les arts traditionnels tels que la vannerie, les textiles et les ouvrages en piquants de porc-épic, ainsi que dans les arts visuels contemporains, comme on peut l’observer dans les œuvres d’artistes mi’kmaw comme Charles Doucette (né en 1962), Jordan Bennett (né en 1986) et Teresa Marshall (née en 1962).