Arthur Lismer (1885-1969)
Le futur membre du Groupe des Sept, Arthur Lismer s’installe à Halifax en 1916 pour prendre la tête de la Victoria School of Art and Design (VSAD). Il hérite d’une école qui ne compte que douze élèves, mais au cours de sa première année de rectorat, l’effectif de l’école passe à 50 élèves et lorsqu’il donne sa démission en 1919, on en compte 150. Lorsqu’il prend la barre à trente et un an à peine, Lismer fait preuve d’énergie et d’inventivité, créant de nouveaux programmes visant à élargir la portée de l’école d’art, notamment des cours d’art le samedi matin, un programme qu’il mettra également sur pied plus tard à la Galerie d’art de Toronto (aujourd’hui le Musée des beaux-arts de l’Ontario). En plus de ses fonctions d’enseignant et d’administrateur, Lismer assume également le rôle de conservateur de la Galerie d’art de la Nouvelle-Écosse (GANE), hébergée à la VSAD.
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Arthur Lismer, Sorrow (Tristesse), 1917
Aquarelle, gouache, 49,5 x 57,2 cm
Galerie d’art de l’Université de Lethbridge -
Arthur Lismer, Sackville River (Rivière Sackville), 1917
Huile sur toile, 77,2 x 92,4 cm
Musée des beaux-arts de la Nouvelle-Écosse, Halifax -
Arthur Lismer, Convoy at Night (Convoi de nuit), v.1917
Huile sur toile, 50 x 60,3 cm
Archives de la Anna Leonowens Gallery, Université NSCAD, Halifax
Lismer sert en tant qu’artiste de guerre officiel pendant son séjour à Halifax, et il se concentre sur la création d’images des convois et des défenses du port. Après l’explosion qui ravage Halifax le 6 décembre 1917, il réalise plusieurs dessins pour publication dans le magazine Canadian Courier. Malheureusement, un seul dessin original subsiste – Sorrow (Tristesse), 1917, conservé dans la collection de l’Université de Lethbridge. Avant l’explosion, les œuvres haligoniennes de Lismer sont principalement des paysages, qui comportent souvent des figures campées dans des décors paisibles et pastoraux. Par la suite, on observe « un changement radical » dans son travail, et les paysages marins et les scènes portuaires prédominent.
Le postimpressionnisme de Lismer est manifeste dans Sackville River (Rivière Sackville), 1917, une peinture acquise par la GANE lors d’une exposition organisée en son honneur à son départ de la VSAD. Ce tableau montre l’évolution de son style et constitue un exemple précoce de l’intérêt croissant pour les paysages sauvages du Canada. Cette pièce est « l’une des rares œuvres néo-écossaises dans lesquelles Lismer évoque l’idée d’une peinture de paysage ‘sauvage’ – éloigné, pur et brut ».
Lismer se lasse de la lutte constante pour les ressources qui marque son passage à la VSAD et, à l’automne 1919, il accepte un poste à la Ontario School of Art (aujourd’hui l’Université de l’ÉADO). Bien que bref, son séjour haligonien est déterminant. « Les années qu’il a passées à Halifax sont d’une importance extraordinaire pour sa carrière, écrit Jeffrey Spalding (1951-2019), notant que durant ses années passées à Halifax, le jeune artiste est déjà bien avancé dans la maîtrise de son style mature. » Lismer a laissé sur la ville une marque révélatrice : « En Arthur Lismer, la VSAD avait trouvé – et trop vite perdu – un artiste, un enseignant, un administrateur et un conservateur qui reste sans précédent et peut-être sans égal dans l’histoire de l’école. » Bien sûr, il n’a pas marqué que l’histoire de l’école. L’influence formelle de Lismer, son travail de conservateur à la GANE et sa promotion sans relâche du professionnalisme artistique ont tous laissé leur marque sur l’histoire de l’art haligonienne.