Alex Colville (1920-2013)
Bien qu’Alex Colville n’ait jamais vécu à Halifax, il marque de manière notable l’histoire de l’art de la ville, tant par son exemple que par le soutien qu’il apporte à des institutions phares, notamment le Nova Scotia College of Art and Design (qui lui décerne un diplôme honorifique en 1997). Colville est président d’honneur de la campagne de financement qui aboutit à la construction d’un nouveau bâtiment pour le Musée des beaux-arts de la Nouvelle-Écosse en 1988, duquel il devient gouverneur honoraire à vie.
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Alex Colville, Ocean Limited (Océan Limité), 1962
Huile et résine synthétique sur Masonite, 68,5 x 119,3 cm
Musée des beaux-arts de la Nouvelle-Écosse, Halifax -
Alex Colville, West Brooklyn Road (Chemin West Brooklyn), 1996
Émulsion de polymère à l’acrylique sur panneau dur, 40 x 56,5 cm
Collection privée -
Alex Colville, Cyclist and Crow (Cycliste et corbeau), 1981
Acrylique sur Masonite, 70,6 x 100 cm
Musée des beaux-arts de Montréal
Mais c’est en tant qu’artiste que s’impose l’impact le plus pérenne de Colville. Le réalisme atlantique, auquel le peintre est étroitement associé, est l’un des styles de peinture les plus populaires et les plus durables de la région, qui obtient un succès commercial constant, mais pas toujours un succès critique. Colville lui-même n’apprécie pas l’appellation, déclarant souvent qu’il ne se sent appartenir à aucun mouvement artistique. Néanmoins, les galeries commerciales de Halifax sont aujourd’hui dominées par diverses itérations du réalisme atlantique, perpétuant la tradition conservatrice de la peinture de paysage longtemps aimée des artistes et des collectionneurs et collectionneuses de la ville.
La carrière de Colville atteint sa maturité pendant la Seconde Guerre mondiale et, après le service, il est fortement influencé par l’existentialisme. Il déclare un jour, dans le cadre d’un entretien : « Après la guerre, j’ai eu ce grand désir de donner un sens à la vie. » Pour atteindre ce but, il recherche l’ordre. Chez lui, cet ordre se trouve dans les personnes, les lieux et les animaux qui composent sa vie quotidienne. Mais le contraire de l’ordre, le chaos, est toujours à la périphérie de ses images apparemment inoffensives. Au magazine du Musée des beaux-arts du Canada, il témoigne : « Mon travail est pessimiste, mais ma vie est heureuse. Je considère la condition humaine tragique. » Cette méfiance, malgré son optimisme personnel, conduit Colville à peindre des ombres dans chaque scène, laissant toujours entendre que l’équilibre et l’ordre soigneusement construits peuvent s’effondrer à la moindre pression.
Les œuvres de Colville font partie de toutes les grandes collections publiques du Canada et de nombreuses autres dans le monde entier. Quatre expositions itinérantes nationales et internationales sont organisées de son vivant, la première au Musée des beaux-arts de l’Ontario en 1983. À sa mort, le 16 juillet 2013, cette même institution travaillait au commissariat d’une grande rétrospective de son œuvre sous la direction d’Andrew Hunter. L’exposition Alex Colville a été inaugurée à Toronto en 2014 et présentée au MBAC en 2015. Alex Colville est mort à son domicile de Wolfville, en Nouvelle-Écosse.