Alan Syliboy (né en 1952)
Alan Syliboy est né dans la Première Nation de Millbrook, une communauté mi’kmaw située à une heure de Halifax, où il vit toujours. Bien que l’artiste n’ait jamais vécu à Halifax à proprement parler, sa carrière, son activisme et ses services ont profondément marqué la capitale néo-écossaise. Il expose régulièrement à Halifax depuis le début des années 1980, et son approche de l’imagerie, inspirée en partie par les pétroglyphes mi’kmaw, exerce une influence importante sur les artistes qui le suivent, créant un vocabulaire visuel mi’kmaw unique qui a un fort impact sur la ville et l’ensemble de la région.
Enfant, Syliboy parle le mi’kmaq avec ses parents, ses grands-parents et d’autres membres de sa famille, dont beaucoup parlaient couramment la langue. Mais son habileté à s’exprimer dans sa langue maternelle s’étiole pendant ses années à l’école, puisque son usage y est réprimé. Il réagit à ce traumatisme en se repliant sur lui-même, en utilisant des dessins plutôt que des mots. « J’excellais à faire des images sous la table, se souvient-il. Mon art était en quelque sorte un mouvement clandestin. »
À la fin de l’adolescence, sa grand-mère, Rachel Marshall, lui présente l’artiste wolastoqey Shirley Bear (1936-2022), de la Première Nation Neqotkuk (Tobique), au Nouveau-Brunswick. À l’époque, Bear travaillait avec Tribe Incorporated, une organisation qui envoyait des artistes dans les communautés des Premières Nations à travers l’Amérique du Nord pour y dispenser l’enseignement des arts. Syliboy rejoint le programme en 1970 et participe à plusieurs ateliers et résidences dans les Maritimes et en Nouvelle-Angleterre. Bear encourage Syliboy à explorer les pétroglyphes mi’kmaw, des gravures laissées par les artistes mi’kmaw sur des surfaces de pierre partout au Mi’kma’ki, depuis des millénaires. Travaillant à l’origine à partir d’un livre de photographies et de dessins au trait, Syliboy commence à adapter ces images traditionnelles à son propre vocabulaire artistique dans des dessins, des peintures et des sculptures. « La découverte de ces pétroglyphes a donné de l’énergie à ma carrière artistique et a transformé ma vie », déclarera-t-il. Les lignes nettes des reproductions, qui sont beaucoup plus claires que celles des originaux, atténuées et presque invisibles, influencent le style graphique de Syliboy, caractérisé par des lignes audacieuses et marquées, ainsi que des couleurs vibrantes.
En 1993, son travail figure dans l’exposition Pe’l A’tukwey: Let Me… Tell a Story: Recent Work by Mi’kmaq and Maliseet Artists (Pe’l A’tukwey : Laissez-moi… raconter une histoire : œuvres récentes d’artistes mi’kmaw et malécites [wolastoqey]) au Musée des beaux-arts de la Nouvelle-Écosse (MBANE); il s’agit de la première exposition d’art contemporain mi’kmaw et wolastoqey organisée dans un musée d’art canadien. Syliboy expose dans les Maritimes tout au long des années 1990 et, en 2001, il participe à l’exposition Homeboys avec Alex Janvier (1935–2024), la première exposition d’art contemporain dans la nouvelle galerie des Premières Nations du MBANE. Son travail a, depuis lors, toujours été exposé dans cet espace d’exposition dédié aux Autochtones.
Depuis 2000, Syliboy est actif dans de nombreux domaines : peinture, musique, littérature, multimédia, sculpture publique, animation, etc. Il siège aux conseils d’administration de la East Coast Music Association, de Arts Nouvelle-Écosse et de l’Université NSCAD à Halifax. En 2002, il reçoit la Médaille du jubilé de Sa Majesté la Reine Elizabeth II pour souligner l’excellence de son travail artistique. En 2013, la Galerie d’art Beaverbrook (aujourd’hui le Musée des beaux-arts Beaverbrook) organise son exposition solo, The Thundermaker (Le faiseur de foudre); en 2015, il publie un livre pour enfants portant le même titre; enfin, en 2017, il reçoit un doctorat honorifique de l’Université St. Francis Xavier.