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Composition (Deux hommes et une araignée) 2007–8

Shuvinai Ashoona, Composition (Deux hommes et une araignée), 2007-2008

Shuvinai Ashoona, Composition (Two Men and a Spider) [Composition (Deux hommes et une araignée)], 2007-2008
Stylo-feutre et crayon de couleur sur papier, 56 x 76 cm
Collection particulière

Composition (Deux hommes et une araignée) est exposé la première fois lors de Noise Ghost: Shuvinai Ashoona and Shary Boyle en 2009 à la Justina M. Barnicke Gallery de Hart House, à l’Université de Toronto. On y voit des œuvres de l’artiste torontoise Shary Boyle (née en 1972) et de Shuvinai Ashoona. Noise Ghost jumelle les deux femmes sur un même niveau plutôt que de faire une distinction entre l’artiste contemporaine et l’artiste inuite. Cette approche change radicalement la donne, puisqu’elle bouscule de nombreuses idées préconçues au sujet de l’art du Nord, notamment celle voulant que l’imagerie inuite provienne d’une époque où les Inuits vivaient encore en nomades, ce qui était encore le cas il n’y a pas si longtemps.

 

Art Canada Institute, Shary Boyle, Scotch Bonnet, 2007
Shary Boyle, Scotch Bonnet, 2007, encre et gouache sur papier, 60,96 x 45,72 cm, collection particulière.

Ce dessin marque un virage important dans les thèmes abordés par Shuvinai : elle quitte son environnement nordique pour puiser dans son imagination. Quand on lui demande de parler de Deux hommes et une araignée, Shuvinai raconte : « Il y a un genre de films… alors j’ai commencé à mettre des animaux qu’on a ici, dans le Nord, et puis ce film qu’on avait vu n’était plus du tout le même. Ses bras étaient en flammes et l’homme à la tête blanche avait des yeux qui lançaient des rayons. C’est fou ce qu’ils étaient différents. C’était amusant de les réinventer un petit peu. »

 

Lors de l’exposition, Shary Boyle utilise son cachet d’artiste pour acquérir Composition (Deux hommes et une araignée). Le synchronisme entre les œuvres des deux femmes est palpable. D’ailleurs, Shary écrit de façon poétique à propos de son interaction avec l’œuvre de Shuvinai dans un court article paru dans le magazine Canadian Art :
 

Dès que j’ai vu cette image, j’ai senti une connexion immédiate avec elle. J’ai éprouvé une réaction intense et euphorique, un accès d’émerveillement vibrant. La confusion créée par la défiguration des visages des personnages m’a donné envie de pleurer. En même temps, je voulais éclater de rire. Que se passe-t-il? Regardez les marques de crayons, les hachures verticales et les couleurs complémentaires fanées. Regardez les trois points noirs. Ensuite, reculez d’un pas et observez l’ensemble de la composition : les personnages se tortillent les bras en bretzel, s’emmêlent les doigts, croisent les jambes. Pendant ce temps, l’arbre écimé et les racines écartelées enveloppent les adversaires d’un bras protecteur. Maintenant, penchez-vous plus près. Regardez les vibrisses! Mon Dieu. Toute tentative de communication entre l’anémone et le morse est vouée à être une rencontre physique toute entremêlée. Mais ce qui est le plus fort, à mon avis, ce sont les deux joueurs silencieux : la tarentule et le fruit vert statique. » 

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