Dessin à l’origine de la gravure sur pierre Souvenirs d’accouchement 1976

Pitseolak Ashoona, dessin à l’origine de la gravure sur pierre Souvenirs d’accouchement, 1976

Pitseolak Ashoona, dessin à l’origine de la gravure sur pierre Souvenirs d’accouchement, 1976

Crayon-feutre de couleur sur papier vélin

24,1 x 35,6 cm
Archive de dessins de Cape Dorset (hébergée dans la 
Collection McMichael d’art canadien, Kleinburg, Ontario)

Souvenirs d’accouchement, Pitseolak nous montre une femme en train d’accoucher; agenouillée, elle est entourée de trois autres femmes qui lui tiennent les mains et lui supportent le dos. L’inscription syllabique indique : « Pitseolak » et « La voici sur le point d’accoucher. » Dans Pictures Out of My Life (1971), Pitseolak se souvient : « Quand Namoonie, mon premier fils, est né, trois femmes me tenaient. »

 

L’emplacement ambigu de son nom dans le dessin soulève la question de savoir si Pitseolak signe l’œuvre ou si elle indique que c’est elle, la femme en train d’accoucher. Il est possible que cette ambiguïté, d’apparence accidentelle, reflète une façon de se représenter. Ici, bien que Pitseolak se remémore sa propre vie, elle ne l’exprime pas en des termes tels que « me voici » ou « ceci m’est arrivé ». Plutôt, son expérience personnelle donne lieu à une image nous montrant la manière traditionnelle dont les femmes inuites donnent naissance.

 

Art Canada Institute, Pitseolak Ashoona, Memories of Childbirth, 1976
Pitseolak Ashoona, Souvenirs d’accouchement, 1976, gravure sur pierre sur papier, imprimée par Timothy Ottochie, 43,4 x 63,5 cm. Dans Pictures Out of My Life, Pitseolak se souvient : « Lors de la naissance de mon premier fils, trois femmes me tenaient. C’était comme ça autrefois : il y avait toujours des femmes qui étaient là pour aider. Après, elles prononçaient des vœux magiques pour l’enfant — que le garçon devienne un bon chasseur, que la fille ait de longs cheveux, et que l’enfant réussisse dans tout ce qu’il ou elle fait. »

En tant qu’aînée au sein de campements aux liens très étroits, et ayant vécu presque toute sa vie sur les territoires avant de s’établir à Cape Dorset et de devenir artiste, Pitseolak hésite entre la représentation de ses expériences personnelles et de celles qui sont communes à toutes les femmes de sa communauté. D’attirer l’attention sur soi-même, surtout pour les femmes, n’est pas un comportement encouragé dans la société traditionnelle des campements. Par ailleurs, l’accouchement y fait l’objet de tabous sociétaux très rigides. Pitseolak aborde, entre autres sujets liés aux expériences quotidiennes des femmes, celui du rôle des sages-femmes, documentant ainsi certains des savoirs culturels des femmes inuites.

 

Le dessin original devient une estampe en 1976, mais celle-ci ne reçoit pas l’approbation du Conseil canadien des arts esquimaux, le groupe d’experts qui évalue toutes les estampes provenant des ateliers de gravure financés par le gouvernement. Elle voit enfin le jour en 1994, l’année où elle est incluse dans l’exposition Cape Dorset Revisited à la Collection McMichael d’art canadien, à Kleinburg, en Ontario, où elle fait partie d’une édition spéciale exposée conjointement avec la collection annuelle d’estampes de Cape Dorset. Il est possible que cette diffusion tardive reflète un changement d’attitude et un intérêt accru envers les sujets liés à l’expérience féminine.

Télécharger Télécharger