Les chutes Cackabakah v. 1849-1856

Paul Kane, Les chutes Cackabakah, v. 1849-1856

Paul Kane, Les chutes Cackabakah, v. 1849-1856

Huile sur toile, 51 x 71 cm

Musée royal de l’Ontario, Toronto

Les chutes Cackabakah constitue un superbe exemple de l’adoption, chez Kane, de la notion du sublime. En représentant les chutes Kakabeka, l’artiste choisit comme sujet une des merveilles naturelles se trouvant sur la route des voyageurs de la Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH). Il dépeint les chutes comme une terrifiante force de la nature, avec l’intention d’inspirer et d’en imposer au regardeur, alors que la bande de terre se trouvant au premier plan nous propose un point de vue stable, à une distance acceptable de la chute.

 

Art Canada Institute, Paul Kane, An illustration of an artist using a camera lucida, from the Dictionnaire encyclopédique et biographique de l'industrie et des arts industriels, 1882
Illustration d’un artiste employant une camera lucida, tirée du Dictionnaire encyclopédique et biographique de l’industrie et des arts industriels (1882).

Kane n’est qu’un passager lorsqu’il se déplace avec les brigades de la CBH; quand les hommes portagent, il réalise des croquis. Pour exécuter son premier dessin de ce paysage, Les chutes Kakabeka, en 1846, il semble avoir recours à un instrument optique. L’articulation précise du contour et les détails de la « tour » au milieu, de même que le tracé plus prononcé du crayon dessinant le feuillage et les roches au premier plan, suggèrent que Kane emploie un appareil appelé camera lucida.

 

En passant du rendu linéaire à l’huile sur toile, Kane réalise une vision du sublime pour le moins spectaculaire. La lumière ricoche sur les immenses nappes d’eau qui tombent en cascade, se trouve reflétée par les striations horizontales de la pierre chert, et lutte pour la suprématie avec les nuages d’un ciel orageux. La petite taille des figures autochtones se trouvant sur les berges de la rivière constitue un procédé typique de l’art romantique visant à donner une notion de l’échelle tout en mettant l’accent sur l’immensité de cette merveille naturelle — et, par un effet de projection, sur l’expérience de l’artiste lui-même.

 

Dans son journal de voyage, Kane ne mentionne pas les chutes par leur nom, ni sa réaction face à ce paysage; il se contente de noter qu’il réalise des croquis de deux portages durant cette étape du périple. D’une façon, c’est comme s’il se fie sur le dessin pour documenter une expérience avec exactitude, et sur la peinture pour exprimer les émotions suscitées par cette expérience.

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