Abstraction verte 1941

Paul-Émile Borduas, Abstraction verte, 1941

Paul-Émile Borduas, Abstraction verte, 1941

Huile sur toile, 26 x 36 cm
Musée des beaux-arts de Montréal

Borduas décrit ce tableau en 1956 comme son « premier tableau entièrement non préconçu » et « l’un des signes avant-coureurs de la tempête automatiste qui monte déjà à l’horizon ». À ses yeux, un tableau automatiste n’est pas préconçu; il n’est pas le résultat d’une action planifiée d’avance, ayant en vue un résultat à obtenir ou une fin à atteindre. Comme il le dit lors d’une entrevue à Radio-Canada en 1950 : « Il m’est arrivé des quantités de fois […] que des gens parfaitement sympathiques me disent : “Monsieur Borduas, j’aime beaucoup vos choses, j’aime beaucoup la couleur. Seulement, je ne comprends pas.” Et je suis obligé de leur répondre très honnêtement : “Je ne comprends pas plus que vous. Ce que vous cherchez dans le tableau, je le cherche moi aussi. Vous cherchez le sujet de ce tableau-là, je l’ignore autant que vous” ».

 

Autrement dit, l’artiste n’a aucune préconception de ce que sera son tableau avant de le commencer, et même sa signification inconsciente lui échappe. Ce n’est que le tableau fini qui peut faire l’objet d’une interprétation parfois signifiée dans le titre (bien que ce ne soit pas le cas ici) ou dans les échanges à son propos avec des amis ou des connaisseurs.

 

Bien que cette œuvre soit acquise par le poète Rémi-Paul Forgues peu après l’exposition Borduas à la Dominion Gallery de Montréal, en 1943, le tableau sera repris par Borduas en 1946 (en échange de deux gouaches) et présenté plus tard à l’exposition Borduas et de Tonnancour tenue en 1951 au Musée des beaux-arts de l’Ontario, à Toronto. La trace de cette toile est perdue jusqu’en mai 1962, moment où sa propriétaire, Marcelle Ferron (1924-2001), l’inscrit à l’exposition Borduas, Riopelle e la giovane pittura canadese (Borduas, Riopelle et la jeune peinture canadienne) présentée à la Galleria Levi de Milan. À la suite de cela, Ferron offrira le tableau à un ami, Guy Tridès, lequel l’offrira à son tour à Florence Loeb, fille du célèbre marchand de tableaux parisien Pierre Loeb. Elle conservera l’œuvre jusqu’en 1980, année où l’historienne de l’art Claudette Hould la reconnaîtra chez Florence Loeb et fera tout pour la rapatrier au Canada. C’est aussi en 1980 que le Musée des beaux-arts de Montréal en fera l’acquisition.

 

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