Régate no 1 1968

Jack Chambers, Régate nº 1, 1968

Jack Chambers, Regatta No. 1 (Régate no 1), 1968

Huile et mine de plomb sur papier monté sur plexiglas, 129,5 x 122,5 cm

Museum London

Chambers déclare qu’en 1966 et 1967, la création exigeante et fortement expérimentale des peintures argentées a « épuisé la peinture [en lui] », mais il fait toujours des films et s’amuse avec les plastiques contemporains de manière productive, utilisant le moulage sous vide et le plexiglas. Régate no 1 est une œuvre riche faite de superpositions. En effet, Chambers a réalisé plusieurs dessins détaillés en partant d’images de films d’actualités portant sur la famille d’un garçon décédé dans un accident de bateau, et les a disposés entre des couches de plastique rigide de couleur vive. Bien que la littérature sur Chambers aborde rarement cette pièce et les œuvres apparentées en plastique, rappelons que l’artiste a remporté, pour Régate no 1, le prix de peinture à l’exposition Artistes canadiens 1968 (Canadian Artists ’68) du Musée des beaux-arts de l’Ontario. (R 34, son film réalisé en 1967 au sujet de son ami, l’artiste Greg Curnoe, lui a valu le prix de cinéma en même temps.)

 

Vaut-il mieux considérer cette « peinture » en plastique comme un collage, ce qui met l’accent sur sa réunion d’éléments statiques – les images photographiques reproduites par Chambers –, ou comme un montage, un procédé similaire appliqué aux images en mouvement. La trace fantomatique de la tête du garçon à droite est-elle un segment de pellicule qu’il faut interpréter comme une bande de photomaton ou un portrait d’écolier, ou rappelle-t-elle résolument les deux? Parallèlement et avec la complexité habituelle du travail de Chambers, Régate no 1 est une œuvre inéluctablement concrète, et ce, d’une manière que le film – parce qu’il est fait de lumière – ne l’est jamais. Dans une entrevue inédite avec l’auteur Avis Lang, Chambers indique qu’à cette époque il éprouve un « désir ardent […] de ressentir la dimension des choses. » Pour apprécier la tridimensionnalité puissamment tactile de l’œuvre, il faut voir l’original.

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