En Télécharger le livre Tous les livres d’art Accueil

Intérieur v. 1910 

Helen McNicoll, Intérieur, v. 1910

Helen McNicoll, Interior (Intérieur), v. 1910
Huile sur toile, 55,9 x 45,9 cm
Musée des beaux-arts de l’Ontario, Toronto

Mary Hiester Reid, A Fireside (Le coin du feu), v. 1910, huile sur toile, 61,2 x 46 cm, Musée des beaux-arts de l’Ontario, Toronto.

Cette petite peinture place le spectateur seul dans une chambre à coucher – un lieu intime, en général, privé. Selon la compréhension victorienne et édouardienne des « sphères séparées », dans lesquelles le privé est associé au féminin et le public au masculin, cette peinture peut aisément être interprétée comme campant un espace féminin. Mais Intérieur fait partie d’un certain nombre d’œuvres de McNicoll qui révèlent une compréhension plus complexe de la vie domestique et de la féminité. Malgré l’intimité évoquée par l’espace peint, il n’y a aucune indication sur l’identité de la personne qui l’occupe. Il n’y a pas davantage d’indice sur la commode ni sur le manteau de cheminée et on ne peut pas voir ce que représentent les images sur le mur. Kristina Huneault a recensé tous les signes normalement laissés par le corps humain dans cet espace : les empreintes sur le tapis, l’oreiller hors du lit, le peignoir drapé sur la chaise berçante. « Le corps s’est absenté d’un environnement où tous les signes indiquent sa présence », écrit-elle, « et il y a un écart entre l’espérance et son accomplissement. »

 

Dans l’œuvre Intérieur, McNicoll démontre une grande capacité à capter les effets passagers du soleil et de la lumière dans une scène intérieure. Le soleil s’infiltre à travers les rideaux translucides de la fenêtre, nimbant la scène d’une lumière qui miroite sur les différentes textures de la pièce : le métal doré des lampes en forme de chandeliers et du pourtour de la cheminée, le bois poli de la commode, les tissus blancs des oreillers et des jetées. Une bande diagonale de peinture jaune citron crée un rayon de lumière qui coupe le plancher, révélant la virtuosité de l’artiste à capter différents effets de lumière. Ces rehauts invitent l’œil du spectateur à s’engager dans une joyeuse exploration de l’espace représenté. McNicoll utilise cette même stratégie dans plusieurs autres œuvres, comme le font aussi nombre de ses contemporains. A Fireside (Le coin du feu), peint par Mary Hiester Reid (1854-1921) la même année qu’Intérieur, adopte une approche similaire pour représenter, avec la même intimité, l’espace privé et quotidien des femmes.

Télécharger Télécharger