Le peintre canadien William Kurelek (1927-1977) a peint d’innombrables tableaux figurant des souvenirs de son enfance et de son jeune âge adulte en Alberta et au Manitoba. Ces tableaux demeurent probablement son corpus le mieux connu et le plus populaire. Souvenirs d’enfance est unique néanmoins, à cause de son autoréflexivité. Dans cet autoportrait peu conventionnel, Kurelek ne fait pas simplement qu’offrir une scène nostalgique au spectateur, mais il se peint dans l’acte de construction de son propre souvenir.

 

William Kurelek, Souvenirs d’enfance, 1968

William Kurelek, Reminiscences of Youth (Souvenirs d’enfance), 1968

Techniques mixtes sur panneau comprimé, 125,1 x 149,5 cm, collection Thomson, Musée des beaux-arts de l’Ontario, Toronto

L’artiste se dépeint ainsi qu’il apparaissait dans sa jeunesse, allongé sur un lit dans ce qui était probablement la maison dans laquelle il a vécu à Winnipeg alors qu’il fréquentait l’école secondaire et l’université dans cette ville, une époque où l’appréciation de Kurelek pour la culture ukrainienne de ses parents allait en augmentant. Les paroles de la chanson populaire ukrainienne There Stands a High Mountain (Là se dresse une haute montagne), écrite par le poète lyrique romantique du dix-neuvième siècle, Leonid Hlibov, rapidement griffonnées sur une table à l’avant-plan droit de l'œuvre, soulignent ce fait. Les paroles et la musique, que l’on imagine Kurelek écouter sur son tourne-disque, évoquent le ton doux-amer du tableau : « Le printemps reviendra / Et c’est cela qui cause la tristesse et la douleur / Car la jeunesse ne reviendra jamais / Non, jamais elle ne reviendra ».

 

Cette rubrique en vedette est extraite de William Kurelek : sa vie et son œuvre par Andrew Kear.

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