La petite ouvrière de l’impressionniste canadienne Helen McNicoll (1879-1915) représente une jeune fille marchant sur le versant d’une colline, portant un seau métallique, son bras allongé pour équilibrer le poids de son fardeau. Elle est seule dans le paysage, à l’exception de trois poulets qui l’accompagnent; une barrière et un hangar sont tout juste visibles au sommet de la toile. La perspective adoptée par McNicoll est étonnamment moderne : le spectateur, placé au bas de la colline, lève les yeux vers la jeune fille alors que le paysage monte brusquement, créant un espace relativement peu profond dans lequel tant le récepteur que la fille représentée sont immergés.

 

Helen McNicoll, La petite ouvrière, v.1907
Helen McNicoll, The Little Worker (La petite ouvrière), v.1907
Huile sur toile, 61 x 51,3 cm, Musée des beaux-arts de l’Ontario, Toronto

Cet effet d’immersion apparaît d’abord chez les peintres français de l’école de Barbizon, qui favorisent le réalisme dans leurs peintures de paysage, puis il renverse l’imagerie paysagiste traditionnelle plaçant le récepteur de l’œuvre en position dominante sur une vue ininterrompue. Le traitement lumineux du champ ensoleillé par McNicoll dans La petite ouvrière accentue cet effet d’immersion. Les herbes semblent onduler sous la brise et les tons éclatants de jaune et de vert stimulent les sens du spectateur. On peut presque ressentir la chaleur du soleil, sentir le parfum du foin et entendre le bruissement du pâturage.

 

Les choix formels de McNicoll communiquent aussi le sentiment du dur travail de la jeune fille, nous rappelant la distance qu’elle a parcourue et la montée qu’elle devra affronter après ses tâches. La fille est entièrement vêtue, portant de lourdes chaussures et montrée en pleine concentration sur sa tâche, indifférente au regard du spectateur.

 

Cette rubrique en vedette est extraite de Helen McNicoll : sa vie et son œuvre par Samantha Burton.

Autres « en vedette »

Télécharger Télécharger